Censure bienveillante : le mot bullshit plus censuré que ce qu'il désigne.
Le choix du titre Bullshit s’est imposé assez naturellement. Ce mot anglais, bien qu’initialement argotique, est aujourd’hui largement utilisé dans de nombreux contextes, y compris dans les médias, les discussions professionnelles ou les débats publics. Il semble avoir intégré le langage courant, en tout cas dans une certaine culture numérique et mondialisée.
Il existe des équivalents français comme conneries, absurdités ou balivernes, mais aucun ne rend avec autant de précision le mélange de fausse évidence, de discours creux et d’assurance trompeuse que recouvre le terme bullshit. Il désigne moins une simple erreur qu’un discours qui donne l’apparence de la vérité tout en évitant soigneusement le fond.
Cependant, le choix de ce mot comme titre présente certaines limites, notamment techniques. Son statut de terme argotique empêche une bonne indexation par les moteurs de recherche ou les plateformes de diffusion. Certaines entreprises filtrent ou restreignent la visibilité des contenus contenant des mots jugés vulgaires, même si ceux-ci sont utilisés dans un cadre critique ou analytique.
Avec le recul, un autre titre aurait peut-être permis une meilleure diffusion. Mais Bullshit reste, à ce jour, le terme le plus précis et le plus pertinent pour désigner l’objet du livre avec une ironie notable : dans l’écosystème numérique actuel, le mot bullshit lui-même est davantage censuré, filtré ou invisibilisé que les discours creux, manipulateurs ou fallacieux qu’il cherche à dénoncer. Une situation qui en dit long sur les priorités de nos algorithmes.